Selon des statistiques récentes, les symptômes physiques de la dépression apparaissent chez 99 ei patients souffrant de ce trouble.
Savoir les reconnaître est la première étape pour accélérer le diagnostic et entamer un parcours thérapeutique adapté à vos besoins.
C'est quoi la dépression ?
Vittorino Andreoli, célèbre psychiatre italien, affirme dans son livre "Les secrets de l'esprit" que la dépression "est une douleur de vivre si pénétrante que la pensée de la mort devient un baume, une consolation".
Cette brève déclaration a le pouvoir d’entraîner dans les méandres sombres et difficiles de l'un des troubles les plus invalidants et malheureusement les plus courants qui affligent l'humanité.
Les spécialistes ont calculé qu'elle touche jusqu'à 350 millions de personnes dans le monde, sans distinction d'âge, de sexe ou de statut social.
L'Organisation mondiale de la santé a prédit que, dans quelques décennies, ce trouble sera la deuxième cause d'invalidité la plus courante après les maladies cardiovasculaires.
Mais qu'est-ce que la dépression exactement ?
Également appelée le mal de vivre, la dépression est un état physique et mental complexe, un trouble de l'humeur qui a le pouvoir de nous faire sentir tristes, désespérés, presque étrangers à la réalité.
L'humeur humaine va dans deux directions.
L'une vers le haut, dictée par le fait d'avoir vécu des moments agréables et des événements gratifiants, l'autre vers le bas lorsque nous vivons des situations désagréables.
La personne déprimée ne connaît pas cette alternance, son tonus psychique est monotone et indépendant de ce qui se passe à l'extérieur.
Il existe différentes formes de dépression : post-partum, dysthymie, trouble dysphorique menstruel et dépression majeure.
Le diagnostic précoce est l'arme dont nous disposons pour combattre ce trouble invalidant.
Prévalence
La dépression est l’un des troubles psychiatriques les plus fréquents.
D'après une enquête menée par les autorités de santé publique du Québec, environ 8 % des personnes âgées de 12 ans et plus ont rapporté avoir vécu une période de dépression au cours des 12 derniers mois.
Selon Santé Canada, environ 11 % des Canadiens et 16 % des Canadiennes souffriront d’une dépression majeure au cours de leur vie.
7,5 % des français de 15 à 85 ans ont connu un épisode dépressif au cours des 12 derniers mois.
D'après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la dépression deviendra la deuxième cause d’invalidité à travers le monde, après les troubles cardiovasculaires.
La dépression peut survenir à tout âge, y compris dans l’enfance, mais elle apparaît pour la première fois le plus souvent à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
Les causes de la dépression
On ne sait pas avec précision ce qui cause la dépression, mais il s’agit probablement d’une maladie complexe faisant intervenir plusieurs facteurs liés à l’hérédité, à la biologie, aux événements de la vie ainsi qu’au milieu et aux habitudes de vie.
Génétique
À la suite d'études réalisées à long terme sur des familles ainsi que sur des jumeaux (séparés ou non à la naissance), on a pu démontrer que la dépression comporte une certaine composante génétique, bien que l'on n'ait pas identifié de gènes précis impliqués dans cette maladie.
Ainsi, des antécédents de dépression dans la famille peuvent être un facteur de risque.
Biologie
Bien que la biologie du cerveau soit complexe, on observe chez les personnes dépressives un déficit ou un déséquilibre de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine.
Ces déséquilibres perturbent la communication entre les neurones.
D'autres problèmes, comme une perturbation hormonale (hypothyroïdie, prise de pilule contraceptive par exemple), peuvent aussi contribuer à la dépression.
Milieu et habitudes de vie
Les mauvaises habitudes de vie (tabagisme, alcoolisme, peu d’activité physique, excès de télévision ou de jeux vidéo, etc.) et les conditions de vie (conditions économiques précaires, stress, isolement social) sont susceptibles de nuire profondément à l'état psychologique. Par exemple, l’accumulation de stress au travail peut mener à l’épuisement professionnel et, à terme, à la dépression.
Événements de la vie
La perte d’un proche, un divorce, une maladie, la perte de son emploi ou tout autre traumatisme peut déclencher une dépression chez les personnes prédisposées à la maladie.
De même, les mauvais traitements ou les traumatismes vécus dans l’enfance rendent plus sensibles à la dépression à l’âge adulte, notamment parce qu’ils perturbent durablement le fonctionnement de certains gènes liés au stress.
Reconnaître les symptômes physiques de la dépression
La personne dépressive est souvent cataloguée comme quelqu'un qui ne fait pas assez d'efforts pour surmonter les difficultés de la vie.
Cette affirmation banale passe sous silence un fait très important : La dépression est une véritable maladie physique causée par un déséquilibre chimique des neurotransmetteurs.
C'est pourquoi il est si important de reconnaître les signes physiques typiques de ce trouble.
Fatigue
La fatigue accompagne les journées comme un fidèle compagnon et cela n'est souvent pas surprenant car nous l'associons au stress de la vie quotidienne.
Travail, maison, enfants, soucis, comment ne pas se sentir fatigué ?
Et pourtant, ce n'est pas toujours le cas.
La fatigue et le sentiment de ne pas pouvoir faire face sont des troubles physiques qui apparaissent chez 90 % des patients souffrant de dépression.
Le coupable de ce symptôme est un manque ou une mauvaise production de certains des neurotransmetteurs les plus importants de notre corps.
La dopamine, la sérotonine et la norépinéphrine sont en quantité insuffisante et cette carence nous fait nous sentir fatigués et épuisés.
Insomnie
L'insomnie est un trouble presque constant de la dépression et peut se présenter sous différentes formes.
L'insomnie signifie ne pas dormir toute la nuit, mais aussi avoir un sommeil agité ou être sujet à des réveils fréquents pendant la nuit.
Le sommeil est léger et le matin, on se sent encore fatigué, comme si on ne s'était pas couché du tout.
Dans la plupart des cas, la dépression commence par des troubles du sommeil qui sont alimentés par les soucis quotidiens.
Nous passons nos nuits à broyer du noir, notre corps est épuisé par l'insomnie, mais notre cerveau continue de fonctionner à plein régime.
Un petit pourcentage de personnes dépressives souffrent du trouble inverse : Elles dorment plus et veulent passer la plupart de leur temps au lit.
La sonnerie d'alarme ?
Les nombreuses heures de repos ne permettent pas de soulager suffisamment la fatigue.
Douleur chronique
La douleur chronique et la dépression sont un cercle vicieux.
Les personnes souffrant de douleurs chroniques sont plus susceptibles de devenir dépressives, tandis que celles qui souffrent de dépression sont plus susceptibles de souffrir de douleurs chroniques ou de fibromyalgie.
Mais quand une douleur devient-elle chronique ?
Quand il accompagne nos journées sans discontinuer, devenant un compagnon désagréable mais toujours présent.
La localisation de ces maux est très variée : Dos, tête, épaules, cou, ventre, muscles, articulations et poitrine. Selon les experts, la dépression a un effet subtil sur les récepteurs de la douleur.
Les personnes souffrant de dépression traitent la sensation de douleur différemment et plus intensément.
Manque de libido
Même la libido ne peut résister au tsunami de la dépression.
La sensualité et le désir de partager des moments intimes avec son partenaire semblent presque anesthésiés.
Les hommes se plaignent souvent d'impuissance et de difficultés à éjaculer, les femmes commencent à souffrir de vertiges et de raideurs.
Les troubles intestinaux comme symptômes physiques de la dépression
Des recherches scientifiques récentes ont montré que l'intestin humain est une sorte de deuxième cerveau.
Non seulement ils se ressemblent d'un point de vue morphologique, mais ils sont également reliés par le nerf vague, très analysé par l'ostéopathie, qui agit comme un véritable pont entre les deux.
Il n'est donc pas surprenant que l'un des symptômes physiques de la dépression soit précisément l'altération de la fonction intestinale.
La digestion est lente, perturbée et des colites apparaissent, ce qui entraîne toute une série de douleurs et de troubles qui ne font qu'augmenter la sensation de douleur diffuse dont on a déjà parlé.
La raison est vite énoncée : La dépression entraîne un ralentissement du transit intestinal et donc une constipation, tandis que l'anxiété, l'une des composantes les plus fréquentes du syndrome dépressif, accélère le transit et peut conduire à des passages fréquents aux toilettes pour cause de diarrhée.
Troubles de l'alimentation
L'un des symptômes physiques de la dépression est un changement d'appétit.
Certaines personnes ont tendance à manger beaucoup moins et d'autres semblent ne jamais en avoir assez.
Le changement de poids est alors, d'une manière ou d'une autre, la cloche d'une situation mentale compromise.
Certains signes avant-coureurs doivent nous alarmer, comme la perte d'intérêt pour la nourriture et l'incapacité à apprécier ou à ressentir les goûts et les odeurs.
D'autre part, lorsque nous avons tendance à trop manger, nous ne le faisons pas par faim mais par un désir convulsif de compenser notre malaise intérieur par la nourriture.
Faibles défenses immunitaires comme symptômes physiques importants de la dépression
Une fièvre aujourd'hui, un rhume demain, un virus gastro-intestinal ou une candidose quelques jours plus tard.
La personne déprimée n'est pas un malade imaginaire comme beaucoup ont tendance à le croire, mais une personne plus encline à tomber malade parce que le stress psycho-physique non seulement altère le nombre de globules blancs dans notre corps, mais interfère avec la production de substances fondamentales comme les cytokines ou les interférons qui ont pour tâche de nous défendre contre l'agression de virus extérieurs.
La flore bactérienne endogène est altérée et les pathogènes ont la vie facile.
Reconnaître la dépression chez les enfants et les adolescents
Chez les enfants.
La dépression est assez rare (0,5 %) dans leur cas.
On doit toutefois être particulièrement attentif à tout changement soudain de comportement et aux signes de retrait, d’absence, ou au contraire, d’irritabilité ou d’agitation :
- Il ne veut plus jouer, sortir ou voir ses amis;
- Il se montre très irritable et pleure souvent;
- Il se plaint de maux de tête ou de ventre;
- Il dit qu’il n’a plus envie de vivre ou qu’il n’aurait pas dû naître;
- Il subit une exclusion et des échecs à l’école;
- Il grandit, mais prend très peu de poids.
Chez les adolescents. La dépression peut être difficile à distinguer des moments de crise ou de confrontation propres à cette étape de la vie.
Elle touche de 3 % à 4 % des adolescents, surtout les filles.
Les signes suivants sont à surveiller :
- Un abus d’alcool, de drogues, de médicaments,
- Un état d’agitation,
- Une violence verbale,
- Une indifférence apparente,
- Une tendance à l’isolement;
- Un désinvestissement dans les études;
- Des signes d’automutilation;
- Une verbalisation d’idées suicidaires.
Complications
Il existe plusieurs complications possibles liées à la dépression :
La récidive de dépression : Elle est fréquente puisqu'elle concerne 50 % des personnes ayant vécu une dépression.
La prise en charge diminue considérablement ce risque de récidive.
La persistance de symptôme résiduels : Il s’agit de cas où la dépression ne se guérit pas entièrement et où même après l’épisode dépressif, persistent des signes de dépression.
Le passage à la dépression chronique.
Le risque suicidaire : la dépression est la première cause de suicide : Environ 70 % des personnes décédant par suicide souffraient d’une dépression.
Les hommes dépressifs de plus de 70 ans sont les personnes les plus à risque de se suicider.
Les idées de suicide appelées parfois « idées noires » sont un des signes de dépression.
Même si la plupart des personnes ayant des idées de suicide ne font pas de tentative, c’est un signe d’alarme.
Les personnes dépressives pensent au suicide pour arrêter une souffrance qui leur paraît insupportable.
Les troubles associés à la dépression : La dépression a des liens physiques ou psychologiques avec d’autres problèmes de santé :
- Anxiété,
- Dépendance : alcoolisme ; abus de substances telles que le cannabis, l’ecstasy, la cocaïne ; dépendance à certains médicaments comme les somnifères ou les tranquillisants
- Augmentation du risque de certaines maladies : maladies cardiovasculaires et de diabète. En effet, la dépression est associée à un risque plus élevé de problèmes cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux. Par ailleurs, le fait de souffrir de dépression pourrait accélérer légèrement l’apparition du diabète chez les personnes déjà à risque70. Les chercheurs soutiennent que les personnes dépressives sont aussi moins portées à faire de l’exercice et à bien manger. De plus, certains médicaments peuvent accroître l’appétit et occasionner un gain de poids. Tous ces facteurs augmentent le risque de diabète de type 2.
En conclusion, la dépression n'est pas un sentiment de tristesse qui dure quelques jours ou le signe d'un caractère paresseux ou faible, c'est une véritable maladie et elle doit être traitée comme telle.
Il est fondamental de reconnaître les symptômes physiques et psychologiques le plus tôt possible afin d'aborder les thérapies et le soutien psychothérapeutique qui, dans la plupart des cas, aident la personne dépressive à se rétablir et à améliorer sa qualité de vie.